Carnet de lectures, avril 2024

J’ai la chance d’avoir une liseuse ; mon amoureux me l’avait offerte dans nos anciennes montagnes où la médiathèque minuscule me désespérait. Ce jour-là, il a posé le monde entre mes mains. Je ne dirai pas comment j’obtiens ces livres, mais je lis un peu tout ce que je souhaite depuis. Avec les douleurs dans les cervicales, c’est vraiment appréciable (mais tout de même compliqué), j’ai donc peu lu depuis deux semaines (3 ouvrages, mais 2 lectures accélérées et un manga, mauvaise pioche).

10 lectures.

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Triste tigre de Neige Sinno.
J’ai hésité à l’ouvrir, je l’avais depuis huit mois dans ma Pal et je ne sais pas lequel de lui ou de moi tournait le plus autour de l’autre, mais ça a été difficile de faire le premier pas. On n’en finit jamais avec l’inceste.
Ce qui m’a fait du bien dans ce livre, au-delà de la violence de plonger encore et encore en soi, dans les souvenirs, dans son corps, c’est d’avoir été entendue dans l’impossibilité de retracer des faits sans qu’ils bougent avec le temps. Il y a ce décalage entre le réel et soi qui vous noient.
Autre réflexion qu’elle m’a obligée à mener : je me demande si ce n’est pas pour cela que je n’écris pas, que ce livre n’advient pas, n’adviendra jamais : c’est le projet des autres. Même ma famille m’a dit « tu devrais écrire un livre sur ta vie », ils me mettent en scène dans leur imaginaire et je dois contourner pour exister. Alors j’écris, sans dire ou parfois en l’écrivant. Pour moi.
Ou encore. J’ai de la difficulté à être certaine que j’existe, elle l’exprime avec une grande justesse ce sentiment de ne pas savoir, de se faire envahir son espace. D’avoir une vie intérieure mille fois plus riche que celle tangible. Cette incapacité de mémoire, ce vide face à l’apprentissage, ce trop-plein face aux souvenirs.
Elle m’a bousculée, elle a mis des mots sur ce vide morcelé, et je ne sais pas parler de ce livre parce qu’on ne peut pas parler de ce livre, en fait. Seulement le lire, quand (si) c’est possible.

Pas de fusils dans la nature : Les réponses aux chasseurs, de Pierre Rigaux.
J’ai entamé cette lecture l’année dernière. Très agacée et tendue par ce que je lisais, j’ai souvent eu besoin d’une pause, et j’ai fini par le lire sur mon téléphone : il est ainsi devenu mon livre pour les salles d’attente. C’est comme ça que je l’ai terminé le jour de l’infiltration (juste avant).
J’étais déjà convaincue, la chasse est une aberration. Après cette lecture, le mot devient carrément épidermique. L’auteur y démontre des faits, explique des lois françaises et européennes, apporte des expertises, montre des sources scientifiques, et explique la réalité jusqu’à l’écœurement. C’est un livre qui met en colère.

Le Temps des sorcières, de Alix E. Harrow.
J’ai mis du temps à me faire au style d’écriture, sans même pouvoir dire quel était le problème : elle est plaisante… mais. Le livre m’est tombé des mains quelques fois, avant d’apprécier ce que je lisais. En toute sincérité, je crois que c’est la sorcellerie qui m’a plu ; l’histoire c’est déjà moins certain, d’autant que les personnages sont peu agréables donc il est difficile de se projeter. Je le vends très mal, je crois, il a pourtant son intérêt.
Disons : il est sympathique, intéressant, mais l’autrice veut placer trop de thèmes et elle ne sait pas rendre ses personnages attachants. Il se lit bien un soir de pleine lune ou par une nuit d’orage, si on a besoin de passer le temps.

Et l’imagination prend feu, de Chrsitelle Dabos.
J’attendais beaucoup de cette lecture, je crois, et j’ai été déçue. Cette nouvelle collection s’appelle tout de même « Secrets d’écriture », j’attendais donc à tout le moins qu’on me parle de secrets et d’écriture (je sais, parfois je suis étrange). J’ai apprécié ce que je lisais, mais je n’étais pas venue chercher son enfance ou la création de la couverture de son livre avec un langage de blog ou une manière de parler entre copines. Et ce livre, c’est un peu beaucoup ça. C’est sympathique, mais très léger.

Ensuite… des ratés ou des ratages, allez savoir.
.Le chat du bibliothécaire, tome 1 : Succès mortel est pour moi mal écrit, l’histoire n’a pas d’intérêt, les dialogues sont pauvres. Roman jeunesse certes, mais d’habitude ça passe.
Lecture en accéléré.
. Du thé pour les fantômes, le style narratif m’a laissée à la porte, c’est long, froid, brouillon. Lecture en accéléré. J’ai beaucoup aimé le titre, toutefois…
. Derniers jours d’un monde oublié, même autrice. Je n’ai pas su trancher entre « il y avait de l’idée » et « j’ai détesté » (les deux sont là, à haute dose). Les personnages sont froids et distants comme la narration, les traditions sont cruelles, aucun message ne vient étayer ni les choix ni la fin (qui m’a agacée). Le potentiel était pourtant bien là, il y avait des idées intéressantes, et parfois j’ai apprécié ma lecture. Perplexe.
. De la jouissance en littérature : 50 leçons, quelques chroniques venant de Libération. Les premières m’ont fait sourire (trois chapitres), les suivantes m’ont lassée (trois chapitres), les dernières m’ont fatiguée (quarante-quatre chapitres…). J’ai fini par lire en vitesse accélérée, l’auteur s’écoute juste parler de l’hémicycle et de Victor Hugo.
. Manga Beastars, tome 1, il a un point de départ intéressant, mais avec un petit quelque chose de profondément dérangeant qui m’a questionnée. Peut-être la lapine, censée représenter l’écolière japonaise fragile à protéger qui manque se faire dévorer. Ayant entre-temps appris que les livres suivants contiennent tortures et viols (devinez qui), je m’arrête là, sans regret.
. La villa aux étoffes, tome 1, j’ai beaucoup entendu parler de ce roman et j’ai beaucoup aimé Downton Abbey auquel il est comparé, donc je me suis lancée. Un roman sur fond historique, c’est pour me plaire. Mais ce fut mitigé, voire négatif, et la comparaison avec la série est surfaite. Les personnages sont peu attachants, l’histoire est pleine de clichés, les problèmes se résolvent trop facilement, le contexte historique est à peine suggéré et le titre n’a aucun rapport avec ce qu’on lit (et ça, c’est rarement pardonnable).


Sur Babelio, j’ai réduit de 50 livres mon défi de lectures de l’année. Si j’arrive à en lire 150, ça sera déjà beaucoup, et très bien. Et je vais essayer de cibler ce qui ne va pas : je crois qu’il va peut-être falloir que je revois ma PAL. Est-ce que les bons livres sont rares ou est-ce que je les choisis mal (ou est-ce que les conseils sont seulement mauvais et donc je dois changer de conseilleurs) ? Je n’ai pas tranché.

2 réponses à « Carnet de lectures, avril 2024 »

  1. Avatar de Kalys Graymes
    Kalys Graymes

    Coucou,

    J’ai gardé ton article précédent ouvert dans un onglet, je n’ose pas le commenter et même si je voudrais, ce n’est peut-être pas nécessaire. Sauf que si je ne le fais pas pour un grave et important comme celui-là, comment pourrais-tu savoir… savoir quoi d’ailleurs ? Tu vois, je m’embrouille.

    Je pense que j’ai plus apprécié Le temps des sorcières que toi, ainsi que Un thé pour les fantômes, même si pour celui-là je demeure toutefois très mitigée. Donc, conclusion numéro 1 : déjà ne te fie pas à mes reco lecture 😀

    Sinon, je pense que tu as le même défaut que moi, à savoir que tu te sens obligée de finir un livre commencé, même si tu n’accroches pas. À moins que je mésinterprète, vu que tous ces bouquins ne t’ont pas forcément coûté d’argent ni ne t’ont été offerts, peut-être que tu devrais commencer par arrêter de te forcer ? 😉

    PS : tu es sur Babelio aussi ! … Ah, ça y est, je t’ai trouvée 😉

    J’aime

    1. Parfois on ne sait juste pas « dire », et c’est bien aussi : )
      (que pourrais-je savoir ? … Ton embrouillamini m’a fait sourire, si tu as une suite à cette phrase et que tu veux partager, c’est avec plaisir).

      C’était par toi ? J’avais complètement oublié, je n’ai aucune mémoire. En réalité j’ai bien apprécié Le temps des sorcières, mais avec le recul les défauts sont passés par-dessus (il faudrait que j’écrive la chronique dès la dernière page refermée, sans doute). En fait je l’ai tellement apprécié, ça m’a lancé sur une écriture « il était une fois » (des sorcières, ma mère, moi, un tas de choses) que je n’ai pas postée parce que c’était un jet comme ça, pas de relecture (et pas l’envie de relecture) et que je me suis dit que le poster n’avait pas d’interêt. Mais cet aspect sorcellerie a travaillé en moi, en profondeur ^^

      Un thé pour les fantômes par contre.. vraiment pas du tout du tout (mais que ce titre est beau !). C’est la même autrice que Porcelaine sous les ruines (autre nom, Ava Vivalda) que j’ai apprécié avec agacements à la clé. Ma conclusion pour l’instant avec elle, « j’aime mais » (sauf le thé).

      Cela dépend beaucoup du livre en fait. J’en ai déjà abandonné, mais c’est vrai que c’est rare. Je préfère aller au bout et ainsi donner une chance. Quelques fois j’ai eu de bonnes surprises et j’ai été contente de m’être obstinée. Je trouve qu’il n’est pas toujours évident de rentrer dans le style d’un auteur, il y a parfois besoin d’un peu de temps pour que le cerveau s’imprègne et entre dans le livre.
      As-tu lu La Voleuse de livres ? Au début je me suis crispée sur l’écriture décalée, bizarre, c’était mal écrit, je n’avais qu’une envie, l’abandonner… Et je me suis obstinée, c’est un livre magnifique que j’ai lu, finalement, sur lequel j’ai pleuré.
      Je me dis que tant pis si la plupart ne sont pas pour moi, de temps à autres ça sauve un livre ^^

      Oui 😀 Je t’avais trouvée par ton blog, mais je n’ai pas osé t’y suivre, d’autant que j’y suis en réalité très rarement les gens de manière efficace, je me contente de rentrer mes livres lus (le côté RS m’échappe complètement).

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